Amytis Heim
Interne en gynécologie
Sommaire
> Quand parle-t-on d’insuffisance ovarienne précoce ?
> Comment savoir si on a une insuffisance ovarienne précoce ?
> Quelles sont les causes de l’insuffisance ovarienne précoce ?
> Quelle différence entre IOP et ménopause ?
> Comment traiter l’IOP ?
> Comment tomber enceinte en cas d’IOP ?
> Où trouver du soutien en cas d’IOP ?
Alors que la plupart des femmes voient leurs cycles menstruels devenir irréguliers et la périménopause pointer son nez autour de 50 ans, certaines ont des symptômes très forts et voient leurs cycles s’arrêter complètement avant 40 ans : on parle alors, chez la femme jeune, d’Insuffisance Ovarienne Précoce (IOP).
Aujourd’hui, 1 à 2% des femmes ont une insuffisance ovarienne précoce. Si on estime qu’environ 400 000 nouvelles femmes entrent en ménopause chaque année, c’est environ 6 000 insuffisances ovariennes précoces chaque année : si c’est votre cas, vous n’êtes pas seule ! La prévalence de l'insuffisance ovarienne précoce est faible mais elle touche tout de même de nombreuses femmes.
Elle est définie par l’absence de règles (aménorrhée) depuis au moins 6 mois avant 40 ans. Il faut également réaliser un examen sanguin car un autre critère est un dosage de FSH (follicule stimulating hormone) supérieur à 25 UI/l. Elle est la conséquence de l’arrêt du fonctionnement des ovaires de façon prématurée.
Les symptômes qui l’accompagnent sont similaires à ceux de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale…) car, tout comme lors de la ménopause, il n’y a plus de sécrétion d’oestrogènes. C'est une pathologie, alors que la ménopause ne l'est pas.
Les causes d’insuffisance ovarienne précoce sont diverses. Elle peut être secondaire à certaines maladies telles que des maladies auto-immunes ou des anomalies génétiques, ou à certains facteurs externes tels que des causes environnementales ou iatrogènes (c'est-à-dire suite à un acte médical ou chirurgical). L’origine de l’IOP reste cependant inconnue dans environ 60% des cas.
Le bilan d’une IOP nécessite généralement une analyse génétique pour rechercher des mutations ou des anomalies au niveau de l’ADN. Il existe beaucoup de causes génétiques à l’IOP. La plus fréquente est le syndrome de Turner (une maladie génétique liée à un défaut du chromosome X).
Les maladies auto-immunes provoquent une réaction immunitaire dirigée contre soi-même (donc dangereuse). Dans le cas de l'IOP, la cause auto-immune dirige des anticorps contre les ovaires ou contre les hormones produites par les ovaires. Elles touchent également souvent d’autres organes du système hormonal, tels que les surrénales.
Il existe des contaminants environnementaux, communément appelés “perturbateurs endocriniens”, qui peuvent entraîner une baisse accélérée de la réserve ovarienne, pouvant mener jusqu’à l’insuffisance ovarienne prématurée. Une étude a analysé 111 perturbateurs endocriniens et retrouve une avancée de l’âge de la ménopause de 1,9 à 3,8 ans chez les patientes exposées à des fortes doses. Les phtalates (notamment retrouvés dans le plastique) en particulier peuvent agir comme toxiques au niveau des ovaires.
Les causes dites iatrogènes sont le plus souvent la chimiothérapie, la radiothérapie, ou la chirurgie pelvienne. Dans ces cas-là, l’IOP est le plus souvent prévisible. Pour plus d’informations vous pouvez consulter l’article “ménopause induite” qui traite spécifiquement de ces causes là.
Contrairement à la ménopause qui est un phénomène naturel, l’IOP est toujours pathologique car le corps féminin a besoin d’oestrogènes pour bien fonctionner et se préserver jusqu’à environ 50 ans.
Si elle n’est pas prise en charge, l’IOP peut provoquer sur le long terme des complications cardiovasculaires comme des AVC ou des infarctus, une ostéoporose majeure et un risque plus élevé de troubles cognitifs et de démences, car les oestrogènes (dont la patiente souffrant d’IOP est dépourvue plus tôt que les autres femmes) ont un effet protecteur contre ces risques.
Le traitement de l’IOP consiste à remplacer les hormones que les ovaires ne sont plus en capacité de produire, à savoir l’oestrogène et la progestérone. On parle alors de traitement hormonal substitutif (THS), car il sert à substituer les hormones déficientes de façon pathologique chez la femme avant 50 ans. Il est systématiquement prescrit chez les patientes présentant une IOP (contrairement au Traitement Hormonal de la Ménopause, qui peut être prescrit aux femmes ménopausées). À court terme, le THS permet de soulager les symptômes de carence oestrogénique (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale), et à long terme d’éviter les complications cardio-vasculaires, osseuses et neurologiques. Il est à différencier du traitement hormonal de la ménopause (THM), qui sert à soulager temporairement la diminution physiologique du taux d’oestrogène.
En pratique, le THS contient :
Les deux hormones sont le plus souvent pris sous la forme de pilules, mais l’oestradiol peut aussi être administré sous forme de gels cutanés ou patchs. Le mode et le rythme d’administration dépendra des besoins oestrogéniques et des préférences de chaque femme, ainsi que du besoin ou non d’un moyen de contraception (un cycle ovulatoire pouvant éventuellement encore survenir).
Dans tous les cas, il est important de consulter son médecin, qui précisera la démarche à suivre et pourra discuter des options thérapeutiques.
La question de l'infertilité se pose chez les patientes atteintes d'IOP. Les chances de grossesses spontanées chez les femmes IOP sont très faibles, bien que non nulles.
Ce taux baisse d’autant plus que l’âge augmente. S’il n’y a pas de désir de tomber enceinte, le besoin d’une contraception est alors à discuter au cas par cas avec chaque femme. S’il existe un désir de grossesse, une prise en charge en Procréation Médicalement Assistée est le plus souvent préconisée avec un don d’ovocyte de la part d’une donneuse et une fécondation in-vitro (FIV).
Des alternatives telles que l’adoption peuvent également être envisagées. La stimulation ovarienne est possible chez les patientes à risque d'IOP, mais elle ne fonctionne malheureusement que très rarement chez les patientes qui ont une IOP avérée.
Traverser la ménopause est bien loin d’être une promenade de santé pour la plupart des femmes, mais l'insuffisance ovarienne précoce ajoute certainement plusieurs niveaux de difficulté :
Comme mentionné plus haut, des milliers de femmes sont concernées chaque année en France ! Des réseaux de soutien et des associations commencent à se créer, comme The Daisy Network en Angleterre ou des groupes Facebook fermés, comme Ménopause précoce - France qui regroupe près de 700 membres.
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