Véronique Cayol
Gynécologue
Sommaire
>Qu’est-ce que le risque cardiovasculaire et à quoi est-il dû ?
>Le rôle des oestrogènes dans ces mécanismes
>Enfin, la ménopause est intriquée aux effets du vieillissement !
>Prévenir le risque cardiovasculaire à la ménopause
Le risque cardiovasculaire est la probabilité qu’un individu développe une maladie du cœur et des vaisseaux (artères et veines). Saviez-vous qu’à la ménopause, les femmes rattrapent le risque cardiovasculaire des hommes ? En effet, les femmes pré-ménopausées ont 3 à 5 fois moins de risques de développer une maladie cardiovasculaire que les hommes.
A la ménopause, elles ont finalement le même risque ! Les scientifiques ont remarqué que le risque cardiovasculaire augmentait à la ménopause. Ils ont donc supposé que les oestrogènes avaient un effet protecteur contre ce type de maladie. Ils ont ensuite creusé pour essayer de comprendre plus précisément à quoi ce phénomène était dû.
Comment cela s'explique-il ?
Le risque cardiovasculaire regroupe différents types de maladies : la thrombose, l’hypertension, l’accident vasculaire cérébral (AVC), l’insuffisance cardiaque… Les maladies cardiovasculaires sont le résultat d’un dépôt de graisse sur les parois des artères. Elles forment des plaques qui finissent par ralentir voire bloquer la circulation du sang. Les organes vitaux (le cœur, le cerveau), ne peuvent alors plus être alimentés.
Ces dépôts graisseux sont le résultat d’une mauvaise répartition entre le bon cholestérol (le cholestérol HDL) et le mauvais cholestérol (le cholestérol LDL). Le cholestérol HDL “nettoie” les artère tandis que le cholestérol LDL est celui est celui qui s’accumule sur les parois des artères et finit par les boucher.
Le stress oxydatif (les radicaux libres) joue également un rôle : il vient réagir avec le cholestérol LDL. C’est cette réaction entre les deux composantes (radicaux libres et LDL) qui initie la formation des plaques sur les parois des artères.
Le risque cardiovasculaire augmentent à la ménopause. En effet, les oestrogènes jouent différents rôles dans la prévention de ces mécanismes :
Ils inhibent la formation des radicaux libres et limitent la réaction nocive entre ces radicaux libres et le cholestérol LDL. La concentration élevée de radicaux libres dans le corps provoque le stress oxydatif
Les oestrogènes ont également un rôle dans le maintien de la structure cellulaire du myocarde (muscle cardiaque).
Ils sont importants dans l'angiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins), nécessaire au bon fonctionnement du coeur à travers le temps.
Les oestrogènes jouent un rôle de modulation de la vasoconstriction / vasodilatation et donc dans la circulation sanguine.
Ainsi, si les oestrogènes ont un rôle protecteur, pourquoi ne pas utiliser le traitement hormonal de la ménopause pour prévenir le risque cardiovasculaire ? Les scientifiques ont fait de nombreuses études à ce sujet. Les résultats sont très concluants chez les modèles murins (souris).
Chez la femme, les études observationnelles ont confirmé une protection cardiovasculaire mais celle-ci fut remise en question par une étude menée par la WHI (Women’s Health Initiative, une série d’études cliniques lancées aux Etats-Unis pour les femmes).
Cette étude randomisée à grande échelle est la seule qui a conduit au concept de « fenêtre d’intervention » (c’est-à-dire qu’un traitement est parfois pertinent uniquement s’il est administré sur une période de temps donnée).
Le THM n’est sans risque voire protecteur qu’en début de ménopause sur des vaisseaux non athéromateux (pas encore touchés par l’athéromatose, dépôts de graisses sur les parois des vaisseaux qui peuvent les boucher !). A l’inverse, comme démontré dans l’étude de la WHI, en post ménopause avancée le THM peut créer des accidents cardiovasculaires, des infarctus du myocarde et des AVC (Accident Vasculaire Cérebral).
Le THM ne permet donc de prévenir le risque cardiovasculaire que s’il est administré en début de ménopause, sa fenêtre d'intervention.
Il ne faut pas tout mettre sur le dos de la ménopause ! Les effets de la ménopause viennent s’ajouter aux effets du vieillissement. En effet, le risque cardiovasculaire des femmes rattrape un peu celui des hommes à la ménopause. C’est surtout avec le vieillissement que l’écart s’atténue ! En effet, avec l’âge, les artères vieillissent. Leurs parois se rigidifient et le cœur doit donc travailler davantage pour maintenir une circulation sanguine satisfaisante. Il finit par se fatiguer !
À la ménopause, en raison du déficit en oestrogènes (facteur de rigidité vasculaire et de syndrome métabolique) le risque cardiovasculaire de la femme rattrape celui de l’homme.
Par ailleurs, les facteurs de risque cardiovasculaire classiques (tabac, lipides, stress, sédentarité, hypertension artérielle) ont des effets plus délétères chez les femmes que chez les hommes.
Les maladies et accidents cardiovasculaires sont ainsi la première cause de mortalité en France chez la femme, alors qu’elles ne sont que la seconde cause de mortalité chez l’homme (après le cancer).
Il faut être particulièrement vigilant entre 45 et 55 ans. Nous allons voir comment aider à prévenir et à identifier la maladie cardiovasculaire chez la femme en ayant à l’esprit qu’elle ne présente pas les mêmes caractéristiques que chez l’homme.
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Voici quelques conseils de base pour prévenir au mieux les risque cardiovasculaire à la ménopause :
Ne pas fumer. Le bénéfice de l’arrêt du tabac est majeur. Il n’y a pas de petit tabagisme. En effet, selon la fédération française de cardiologie, le fait de fumer favorise la formation de caillots en modifiant la coagulation et en provoquant une inflammation des vaisseaux, diminue le taux de bon cholestérol HDL, provoque des spasmes artériels, et réduit la concentration en oxygène dans le sang, source d'essoufflement et de mauvais fonctionnement des muscles. Chez les 45-54 ans, 31% des femmes sont fumeuses et 21% chez les 55-64 ans. Les fumeuses ont à tabagisme égal un risque de maladie coronaire supérieur de 25% à celui des non-fumeurs. En outre le sevrage chez la femme présente des spécificités et peut s’avérer plus complexe !
Réduire sa consommation d’alcool. Il est probable qu’une consommation raisonnable d’alcool (moins d’un verre par jour) n’ait pas d’effet délétère. Cependant, consommé en trop grande quantité (plus de 10 verres par semaine), l’alcool favorise l’hypertension artérielle, les troubles du rythme (fibrillation auriculaire), les cardiomyopathies et les AVC.
Réduire son niveau de stress (par le sport, la méditation, la bonne gestion de l’équilibre entre travail et vie privée…). Il existe des spécificités de genre face au risque cardiovasculaire et il est aujourd’hui admis que le système cardiovasculaire des femmes est plus sensible aux effets du stress. Le stress était le troisième facteur de risque d’infarctus chez les femmes avant le confinement. Avec le confinement il est passé en deuxième position. Le syndrome du cœur brisé ou syndrome de Tokotsubo touche majoritairement les femmes de plus de 60 ans et est déclenché dans 30% des cas par une émotion forte.
Manger sainement. En 2011, il a été démontré qu’un comportement sain (manger sainement, bouger, ne pas fumer ni trop boire) pouvait réduire le risque cardiovasculaire de 65% ! Une alimentation déséquilibrée (trop salée, trop grasse, trop sucrée) augmente le risque de diabète, d’obésité et d’hypertension artérielle qui sont des facteurs de risque cardiovasculaire. Le sel en particulier augmente fortement le risque d’hypertension artérielle. Nous consommons en moyenne 3600 mg de sodium par jour alors qu’il est recommandé d’en consommer seulement 1500 !
Pratiquer une activité physique régulière. En effet, le sport renforce le muscle cardiaque, diminue la tension artérielle (car il améliore la circulation sanguine), et augmente la concentration de bon cholestérol par rapport au mauvais cholestérol (LDL) et aux triglycérides, qui sont responsables de la formation de caillots qui provoquent des accidents cardiovasculaires.
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