Tabac et ménopause

Amytis Heim

Interne en gynécologie

Sommaire

> Quels sont les effets du tabac sur les organes féminins ?

> Quels sont les risques de fumer après la ménopause ?

> Comment arrêter de fumer ?


Alors que la consommation de tabac est en baisse dans la population générale depuis ces 20 dernières années, le nombre de fumeuses chez les femmes de plus de 45 ans ne cesse d’augmenter. On estime que la part de fumeuses chez les femmes de 45 à 54 ans atteint 30,8 % et que ce même chiffre s’élève à 17,6% pour les femmes de 55 à 64 ans.

Le tabac à la ménopause (mais aussi avant) a beaucoup d’effets néfastes sur les différents organes du corps à long terme. Ces conséquences viennent se surajouter à celles de la ménopause, et augmentent donc le risque global de morbidité et de mortalité chez ces fumeuses.

Quels sont les effets du tabac sur les organes féminins ?

Fumer impacte considérablement le système hormonal et influence l’arrivée de l’âge de la ménopause.

Le tabac et ses composants ont des effets nocifs sur les ovaires, notamment sur l'activité des cellules de la granulosa qui constituent l'unité fonctionnelle de l'ovaire et jouent un rôle central dans la régulation de l’ovulation.

Il a été démontré que les composants du tabac sont capables de provoquer des altérations de la production d’hormones au niveau des ovaires, ainsi qu’une réduction du nombre de follicules.

En diminuant la réserve ovarienne, le tabac peut avancer l’âge de la ménopause. Ainsi, la ménopause surviendrait 2 à 3 ans plus tôt chez les fumeuses que chez les non fumeuses.


Quels sont les risques de fumer après la ménopause ?

En plus d’une augmentation du risque de cancer du poumon et d’évènements cardiovasculaires, le tabac provoque aussi une aggravation de certains symptômes de la ménopause.

Une augmentation des symptômes vasomoteurs

Selon une étude, le tabagisme augmenterait considérablement le risque chez les femmes de présenter des symptômes vasomoteurs fréquents et sévères, tels que les bouffées de chaleur ou les sueurs nocturnes. De plus, la nicotine peut entraîner des palpitations, qui peuvent entretenir les sensations de bouffées de chaleur.

Vieillissement de la peau

Le tabac provoque une vasoconstriction des vaisseaux sanguins périphériques, ce qui diminue la circulation et l’oxygénation du sang au niveau de la peau. La peau est donc moins nourrie et le processus de cicatrisation de la peau ralentit.

La nicotine entraîne une diminution du taux d’œstrogènes qui favorise un vieillissement cutané prématuré. La fragilisation de la peau qui survient lors de la ménopause (également secondaire à la diminution du taux d’oestrogènes) vient se surajouter au vieillissement cutané causé par le tabac. La peau est donc d’autant plus sujette à l’apparition de rides, d’un teint terne, d’une perte d’élasticité et de tâches cutanées.

Troubles du sommeil

La nicotine est une substance excitante qui augmente la fréquence cardiaque et la tension artérielle. En stimulant le système nerveux, la nicotine retarde le sommeil et le rend plus léger. Plusieurs études ont d’ailleurs montré que les fumeurs auraient une moins bonne qualité de sommeil que les non fumeurs.

Des troubles du sommeil surviennent souvent lors de la ménopause, souvent en conséquence des troubles de l’humeur, des bouffées de chaleurs et des sueurs nocturnes. L’effet stimulant de la nicotine peut potentialiser ces troubles du sommeil.

Risques cardio-vasculaires

Le tabac augmente le risque cardiovasculaire (c’est à dire le risque d’accident vasculo-cérébral, d’infarctus du myocarde et de thrombose des artères), par plusieurs mécanismes : Le monoxyde de carbone contenu dans les cigarettes diminue la capacité d’absorption de l’oxygène dans le sang. Ceci diminue la capacité des muscles à s’oxygéner, diminue l’aptitude du myocarde (soit le muscle du cœur) à l’effort, et peut provoquer des essouflements.

Le tabac augmente le taux de fibrinogène (une protéine qui favorise la coagulation du sang), et provoque une inflammation au niveau des vaisseaux sanguins, ce qui augmente le risque de formation de caillots dans le sang. Ces caillots peuvent thromboser dans différents vaisseaux du corps et provoquer des AVC ou des infarctus du myocarde.

Le tabac provoque une vasoconstriction (c'est-à-dire une diminution du diamètre des vaisseaux sanguins) jusqu’à provoquer des spasmes qui peuvent être potentiellement mortels.

Fumer diminue le taux de bon cholestérol, ce qui augmente le risque de faire un évènement cardiovasculaire à long terme.

Les oestrogènes ont un effet protecteur sur le système cardiovasculaire, c’est pourquoi les femmes jeunes ont moins d’infarctus et d’AVC que les hommes du même âge. A la ménopause, cette protection disparaît, et le risque cardio-vasculaire augmente. Il augmente d’autant plus chez la femme ménopausée et fumeuse.


L’ostéoporose

Le tabagisme, la sédentarité et l’alimentation sont les principaux facteurs de risque d’ostéoporose. Le tabagisme diminue la sécrétion estrogénique sur les ostéoblastes dont la principale fonction est de minéraliser la matrice osseuse. En conséquence, les os sont plus fragiles et le risque de fracture augmente.

La baisse des oestrogènes lors de la ménopause provoque aussi une déminéralisation osseuse progressive, ce qui rend les os des femmes âgées plus fragiles.

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Comment arrêter de fumer ?

La première étape pour arrêter de fumer, c’est de décider d’arrêter de fumer. Trouver ses motivations, choisir son moment, prévenir ses proches et préparer son environnement sont autant de considérations primordiales à la décision d’arrêter de fumer qui permettent une meilleure chance de réussite.

Pour aider au sevrage, on peut utiliser des substituts nicotiniques, qui existent sous plusieurs formes : patchs, timbres, gommes à mâcher, comprimés, pastilles, inhalateurs ou spray. Ces produits sont disponibles en pharmacie sans ordonnance. Le traitement dure généralement 3 à 6 mois, en baissant progressivement les doses. D’autres traitements tels que le bupropion ou la varénicline existent, mais ne sont disponibles que sur prescription médicale. La vapoteuse peut aider à diminuer le tabagisme et à arrêter de fumer.

Elle n’est pas dénuée de risque, mais semble avoir des répercussions bien moins dangereuses sur la santé que celles provoquées par le tabac. Les thérapies alternatives telles que l’hypnose ou l’acupuncture peuvent aider certains patients, notamment en cas de rechute.

Pour vous aider, vous pouvez aller sur le site gouvernemental tabac-info-service.fr qui propose des explications claires et des conseils pour arrêter de fumer.

Retrouvez sur l’application Omena les conseils de notre interne gynécologue, Amytis Heim pour vous aider à mieux vivre la ménopause.


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