Amytis Heim
Interne en gynécologue
Sommaire
> Traitement des symptômes généraux (bouffées de chaleur, troubles de l’humeur, troubles du sommeil, fatigue)
> Traitement des symptômes généraux (bouffées de chaleur, troubles de l’humeur, troubles du sommeil, fatigue)
> Traitement des symptômes génitaux (sécheresse vaginale)
La ménopause est un événement naturel qui peut provoquer certains symptômes altérant sérieusement la qualité de vie. Le traitement hormonal de la ménopause est le traitement le plus efficace pour soulager la plupart des symptômes. En revanche, pour certaines femmes il n'est pas adapté (en raison de préférences ou de contre-indications). Des traitements non hormonaux peuvent alors être envisagés.
Dans cet article, nous vous présentons les différentes familles de traitements non-hormonaux. Tous, ont été validés scientifiquement pour traiter de façon générale (sans cibler un symptôme précis) les symptômes de ménopause.
NB : en tant que médecin, l’auteure de cet article n’est pas autorisée à citer les marques qu’elle recommande dans un article ouvert au public.
Ce serait considéré comme de la publicité ! Nous ne mentionnerons donc que les différents “principes actifs” efficaces. Vous pouvez demander à votre médecin des références si vous identifiez un principe actif que vous souhaitez prendre.
Chez certaines patientes, des compléments nutritionnels à base de phytoestrogènes peuvent améliorer les bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale. Ces molécules ayant une structure similaire aux oestrogènes, elles peuvent agir sur les récepteurs aux oestrogènes et diminuer les symptômes de ménopause. Elles ne sont en revanche pas recommandées chez les patientes ayant un antécédent de cancer du sein. En effet, leur action pro-oestrogénique est semblable à celles des oestrogènes.
Les extraits cytoplasmiques purifiés et spécifiques de pollens peuvent avoir un effet dans le contrôle de la thermorégulation, du sommeil et de l'humeur chez les femmes ménopausées, en inhibant la recapture de la sérotonine au niveau des neurones de l’hypothalamus. L’hypothalamus joue un rôle important dans la sécrétion des hormones sexuelles. Il joue aussi un rôle dans la thermorégulation ou encore le contrôle du rythme circadien (lié au sommeil). Il est particulièrement affectée lors de la ménopause à cause de l’arrêt de la sécrétion d’oestrogènes.
Enfin, certaines études ont montré que la vitamine E pourrait également diminuer la fréquence des bouffées de chaleur. Certains traitements non-hormonaux commercialisés contiennent donc de la vitamine E couplée à d’autres vitamines ou minéraux par exemple.
Les oméga-3, la bêta-alanine (un acide aminé non-essentiel également utilisé par les sportifs), les huiles essentielles ou l’homéopathie sont d’autres options qui peuvent être proposées.
Certains Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) utilisés comme antidépresseurs ont démontré une efficacité mais n’ont pas d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication. L’absence d’AMM n’interdit pas au médecin de prescrire le médicament pour cette indication mais il ne doit le faire qu’exceptionnellement et dans l’intérêt du patient en l’absence d’alternatives.
Exemples d’ISRS : paroxétine, citalopram, escitalopram, fluoxétine, sertraline
Exemples d’IRNS : venlafaxine, desvenlafaxine
Ces molécules agissent en augmentant la concentration de sérotonine, autrement appelée “hormone du bonheur”, au niveau des neurones hypothalamiques. L’hypothalamus comporte des récepteurs aux oestrogènes, ce qui entraîne une baisse de l’activité hypothalamique lors de la ménopause. En augmentant le taux de sérotonine, l’hypothalamus est stimulé ce qui permet une meilleure thermorégulation ainsi qu’une amélioration des troubles de l’humeur et de la qualité du sommeil. Ces molécules peuvent cependant donner certains effets secondaires, tels que des nausées, de la constipation, une sécheresse de la bouche, de la nervosité, ou parfois au contraire de la somnolence.
La gabapentine, la prégabaline, la clonidine, l’oxybutynine peuvent également être proposées aux patientes. Ce sont aussi des médicaments de base commercialisés pour d’autres indications, mais qui peuvent être efficaces sur les troubles de la ménopause.
Par exemple, la clonidine est un antihypertenseur (contre l’hypertension) agoniste adrénergique à action centrale, qui a montré son efficacité dans le traitement des symptômes vasomoteurs. Les effets secondaires de la clonidine comprennent des vertiges, une hypotension, des maux de tête, une constipation et une sécheresse de la bouche.
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La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) a réduit efficacement l'impact des symptômes vasomoteurs chez les femmes en moyenne de 50% avec des bénéfices maintenus à six mois. Il existe plusieurs formes de TCC. Les TCC de groupe semblent un peu plus efficaces pour réduire l’impact des symptômes vasomoteurs sur la qualité de vie que les TCC autodidactes à l’aide de livres et de guides audio.
La TCC a également permis de réduire la fréquence des sueurs nocturnes de 39 %.
L’hypnose a montré son efficacité pour le traitement des symptômes vasomoteurs, lorsqu’elle est pratiquée quasi-quotidiennement. C'est-à-dire, au moins 5 séances d’une heure par semaine en plus de la pratique à domicile.
L’acupuncture, le yoga, l’exercice physique, la relaxation, la thérapie en pleine conscience, l’aromathérapie, perte de poids volontaire sont d’autres options !
Certains produits hydratants appliqués localement sur la sphère génitale peuvent améliorer la sécheresse vaginale. Ces produits sont généralement sous forme de crèmes ou d’ovules intra-vaginaux, à base d’acide hyaluronique, de glycérineet d’eau.
Ils doivent être appliqués tous les jours pendant plusieurs semaines pour obtenir une bonne efficacité sur la sécheresse vaginale. Les données comparatives sont actuellement insuffisantes pour recommander un hydratant vaginal plutôt qu'un autre. Lorsque la gêne n’est présente qu’au moment des rapports, des lubrifiants vaginaux à base d'eau, de silicone ou d'huile végétale peuvent être utilisés pour réduire les frottements.
Le laser vaginal (CO2 ou “Yag”) est une thérapie récente qui permet de traiter l’atrophie vulvo-vaginale. Il fonctionne en créant des lésions microscopiques au niveau des parois vaginales, ce qui stimule les mécanismes de réparation propres à l'organisme pour régénérer les tissus et les restructurer.
Le traitement consiste à mettre une sonde au niveau du vagin émettant de l'énergie laser à 90° dans quatre directions. `
Elle est tournée de manière circonférentielle jusqu'à ce que la totalité de la paroi vaginale soit traitée. Chaque séance de laser dure environ 5 à 10 minutes, ne nécessite pas d'anesthésie et est réalisée en ambulatoire. Pour obtenir une bonne efficacité, il est recommandé de faire 3 à 4 séances espacées d’un mois au départ, puis une séance d’entretien tous les ans. Chaque séance coûte entre 150 et 300€. Il n'existe pas de prise en charge par la sécurité sociale à l’heure actuelle.
Il existe peu d’essais comparatifs randomisés pour valider cette intervention et il n'existe aucune conclusion formelle. Cependant, dans ses premiers essais, le laser semble aussi efficace que les traitements hormonaux locaux sur les symptômes d’atrophie vulvo-vaginale. Il a aussi un effet plus durable dans le temps.
Le manque de recul sur le laser vaginal et ses risques rapportés dans des études n’incitent pas à le recommander en première intention. Il constitue néanmoins une alternative intéressante chez les patientes présentant des contre-indications ou ne répondant pas aux traitements hormonaux et locaux habituels.
Les conclusions sont les mêmes pour la radio-fréquence et la photobio-modulation ou LED.
En conclusion, il existe plusieurs alternatives au traitement hormonal de la ménopause pour atténuer les symptômes invalidants. Le traitement doit se concentrer sur les symptômes qui affectent le plus la qualité de vie. Il peut nécessiter l’association de différentes méthodes pour gérer les symptômes généraux et vaginaux.
Sources
[1] Hickey M, Szabo RA, Hunter MS. Non-hormonal treatments for menopausal symptoms. BMJ. 2017
[2] Ayers B, Hunter MS. Health-related quality of life of women with menopausal hot flushes and night sweats. Climacteric. 2013
[3] Genazzani A, Panay N, Simoncini T, Depypere H, Mueck A, Egarter C, Biglia N, Fait T, Birkhaeuser M, Skouby SO, Brincat M, Goldstein S, Ruan X, Celis-Gonzales C, Palacios S. Purified and specific cytoplasmic pollen extract: a non-hormonal alternative for the treatment of menopausal symptoms. Gynecol Endocrinol. 2020
[4] Rabley A, O'Shea T, Terry R, Byun S, Louis Moy M. Laser Therapy for Genitourinary Syndrome of Menopause. Curr Urol Rep. 2018
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