Sommaire
>Le rôle des oestrogènes avant la ménopause
>Le rôle des oestrogènes dans les symptômes de la périménopause
>Le rôle des oestrogènes dans les symptômes de la ménopause
>Les oestrogènes dans le traitement hormonal de ménopause
>Les oestrogènes en traitement local pour traiter la sécheresse vaginale
La ménopause, qui arrive chez la femme en moyenne à 51 ans, correspond à l’arrêt du fonctionnement des ovaires chez la femme. Elle est diagnostiquée après douze mois sans règles (autrement dit 12 mois d’aménorrhée). Les femmes ne peuvent alors plus avoir d’enfants, et elles n’auront plus jamais leurs règles, ce qui peut être un grand soulagement pour certaines !
Beaucoup de choses changent dans le corps de la femme pendant cette période, en particulier en matière d’hormones, ce qui peut provoquer des troubles. Dans cet article vous allez apprendre le rôle complexe des oestrogènes et des autres hormones dans notre organisme !
Chez la femme, les oestrogènes jouent de nombreux rôles. Ils participent à la formation de nos caractéristiques sexuelles, ils sont responsables de nos premières règles, et leur rôle principal est d’assurer le bon fonctionnement du cycle menstruel, en étroite collaboration avec la progestérone. Les oestrogènes favorisent notamment la croissance de l’endomètre en le préparant à l’implantation éventuelle d’un embryon. S’il n’y a pas de fécondation, l’endomètre (le surplus de muqueuse utérine qui s’est formé pour accueillir l’embryon) est éliminé : ce sont les règles.
Au delà de leur rôle dans les menstruations, il faut savoir que toutes les cellules d’une femme ont des récepteurs aux oestrogènes. Ainsi ils interagissent avec tout notre organisme et ont un impact bénéfique sur notre santé mais aussi la qualité de notre peau, de nos muqueuses, de nos os…
Ils ont notamment un effet cardioprotecteur, ils préviennent l’apparition de plaques d’athéromes qui bouchent les artères !
La périménopause commence avec l’apparition d’irrégularités menstruelles et se termine avec la ménopause (lorsqu’il n’y a plus eu de menstruations pendant 12 mois). C’est la période de transition hormonale avant l’entrée dans la ménopause.
L’entrée en périménopause se fait en moyenne à 47 ans et cette phase dure en moyenne 4 ans.
Pendant la périménopause, les hormones sexuelles féminines (oestrogènes et progestérone) sont encore produites de façon cyclique par l’organisme, mais de façon plus chaotique qu’avant. A la ménopause, les hormones arrêtent d’être produites par les ovaires.
La périménopause est une phase durant laquelle la femme peut expérimenter deux types de symptômes : des symptômes similaires au syndrome prémenstruel avec des règles abondantes et imprévisibles, et des symptômes similaires à ceux de la ménopause.
Lors de la première phase de la périménopause, il y a une diminution du nombre de follicules ovariens, ce qui provoque une augmentation du taux de FSH (hormone qui stimule les la fonction folliculaire pour provoquer l’ovulation).
Ceci va favoriser la production d’oestrogènes par les ovaires, aux dépens de la production de progestérone en 2ème partie de cycle qui, elle, reste stable.
Ceci provoque deux phénomènes :
Les symptômes de l’hyperoestrogénie sont :
Lors de la seconde phase, les follicules sont encore plus rares, et répondent de façon aléatoire à la stimulation par la FSH, ce qui provoque des phases alternant entre hyper et hypo-oestrogénie.
Juste avant la ménopause, les phases d’hypo-oestrogénie (manque d’oestrogènes) sont plus nombreuses, et peuvent donner les mêmes symptômes que l’on retrouve à la ménopause : bouffées de chaleurs, troubles du sommeil, sécheresse vaginale…
Comme les oestrogènes interviennent très souvent dans l’organisme de la femme, l’arrêt de leur production au moment de la ménopause peut causer de nombreux symptômes, même si toutes les femmes ne seront pas concernées.
La chute du taux d’oestrogènes perturbe par exemple les neurones de l’hypothalamus (disons que c’est le “thermostat” du cerveau), ce qui provoquerait les bouffées de chaleur.
Un autre exemple : les oestrogènes participent à la bonne circulation sanguine dans les muqueuses vaginales. Ainsi, c’est la chute du taux d’oestrogènes qui est responsable de la sécheresse vaginale qui est fréquente à la ménopause.
Troisième exemple : le taux d’oestrogènes est corrélé au niveau de sérotonine, une des hormones du bonheur, qui a un effet relaxant. La chute du taux d’oestrogènes au moment de la transition vers la ménopause a donc un rôle évident dans les symptômes tels que l’anxiété, la dépression, les sautes d’humeur.
Les oestrogènes sont également en partie responsable de la bonne hydratation de la peau et de la bonne santé des cheveux par exemple.
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Nous l’avons vu, l’absence d’oestrogènes est responsable de la plupart des symptômes de périménopause et de ménopause. Il est donc logique de penser que les oestrogènes peuvent également aider à soulager les symptômes !
C’est pour cette raison que l’on peut proposer aux femmes ménopausées et symptomatiques de prendre ce qu’on appelle le traitement hormonal de ménopause (aussi appelé “thm”). Ce traitement consiste en un gel à appliquer sur sa peau qui contient des oestrogènes de synthèse qui passent à travers la peau pour pénétrer dans le système sanguin et ainsi remettre un peu d’oestrogènes dans l’organisme pour atténuer les symptômes de ménopause. Il est très efficace pour traiter les bouffées de chaleur, suées nocturnes, troubles de l’humeur, troubles du sommeil…
Le traitement est en général pris avec de la progestérone en comprimés en parallèle pour éviter un surrisque de cancer de l’endomètre (la progestérone protège de ce risque, mais du coup elle n’est pas nécessaire pour les femmes qui n’ont plus d’utérus car elles ont subi une ablation).
Avant 2001, le traitement hormonal de substitution était très largement prescrit aux femmes : plus de 40% des femmes ménopausées étaient sous traitement, ce qui n’est pas illogique quand on sait que 80% des femmes ont des symptômes.
En 2001, une étude américaine menée par la Women’s Health Initiative sur le traitement hormonal a apporté des conclusions alarmantes : d’après cette étude américaine le traitement hormonal de ménopause augmenterait le risque de cancer du sein et le risque cardiovasculaire. Cette étude a semé un vent de panique ce qui fait qu’aujourd’hui seulement 6% des femmes prennent un traitement, alors qu’en réalité les conclusions de l’étude n’étaient pas applicables à la France.
Le traitement hormonal à l’américaine est très différent du traitement hormonal à la française, et les femmes de l’étude menée par la Women’s Health initiative étaient bien plus âgées que les femmes à qui on prescrit le traitement hormonal en France.
L’étude a donc été refaite en France et les conclusions étaient bien différentes : aujourd’hui on sait que le traitement hormonal de ménopause, s’il est pris dans la fenêtre de tir, c’est à dire en début de ménopause, n’est associé qu’à une augmentation très faible de risque de cancer du sein (2%) et a des effets protecteurs sur la santé cardiovasculaire et sur la santé osseuse.
Cependant l’idée que le traitement hormonal augmentait le risque de cancer du sein est restée bien présente dans l’imaginaire collectif ce qui fait que beaucoup de femmes ne sont pas traitées alors qu’elles présentent des symptômes handicapants et que le traitement hormonal améliorerait significativement leur qualité de vie. Aujourd’hui il y a un réel manque à gagner dû à la sous prescription de traitement hormonal en France.
Aujourd’hui, en revanche, si vous avez déjà eu un cancer du sein par le passé, ceci représente une contre-indication à la prescription d’un traitement hormonal. Également, le traitement hormonal ne peut être prescrit qu’aux femmes qui sont déjà ménopausées et pas aux femmes en périménopause car le risque en périménopause est d’avoir trop d’oestrogènes. Un traitement à base de progestérone peut en revanche être prescrit pour soulager les inconforts de la périménopause.
Il existe aussi des phyto oestrogènes, ce sont des molécules présentes dans certaines plantes comme le soja par exemple, qui présentent des similarités avec les “vrais” oestrogènes et qui peuvent donc aider à réduire les symptômes de ménopause, mais ils sont également contre indiqués chez les femmes qui ont eu un cancer du sein qui doivent opter pour les solutions naturelles sans phyto oestrogènes.
Le traitement hormonal de substitution peut également être utilisé en local sur les parois vaginales pour traiter la sécheresse vaginale, symptômes tabou qui peut être très invalidant et que les gynécologues sont en devoir de diagnostiquer et traiter comme il se doit.
Dans ce cas, le traitement hormonal présente encore moins de risques car il reste dans les muqueuses vaginales et ne passe pas dans la circulation sanguine. Il n’a donc un impact que sur la muqueuse vaginale. Il doit être prescrit avec un autre hydratant local car si les muqueuses sont trop desséchées, le traitement hormonal ne pourra tout simplement pas pénétrer dans la muqueuse pour opérer sa magie !
La sécheresse vaginale touche 30 à 70% des femmes au moment de la ménopause et est associée à un syndrome plus global appelé “syndrome génito-urinaire de la ménopause”, ou “SGUM” par les médecins. Ce syndrome regroupe plusieurs symptômes qui touchent les parties intimes et qui sont associés à l’atrophie vaginale, qui sont tous causés par la carence en oestrogènes : douleurs vulvaires, démangeaisons, sécheresse et douleurs vaginales, irritations et gênes lors des rapports sexuels, mais aussi des symptômes urinaires : infections urinaires fréquentes, douleurs à la miction (pendant que l’on fait pipi), et incontinence urinaire. Il est donc très important de pouvoir traiter les femmes, par exemple avec un traitement hormonal à base d’oestrogènes local qui est redoutablement efficace.
Sources
[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26653408/
[2] Dumont A, Bendris N, Dewailly D, Letombe B, Robin G. Périménopause. EMC - Gynécologie 2017;12(3):1-14 [Article 38-A-15].
[3] Trémollieres F, Chabbert-Buffet N, Plu-Bureau G et al. Les femmes ménopausées : recommandations pour la pratique clinique du CNGOF et du GEMVi Gynecol Obstet Fertil Senol. 2021
Laure Blondel
Expert nutritionniste
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